Sergey Lavrov

Nations Unies : M. Sergey Lavrov s’en est d’emblée pris aux États-Unis et à leurs alliés

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’en est d’emblée pris aux États-Unis et à leurs alliés par divers exemples historiques.  Rappelant que ce pays s’était engagé, lors du « Sommet mondial » des Nations Unies de 2005, à « établir un monde juste conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations Unies », il a affirmé que cela n’avait pas empêché les États-Unis de pousser le dirigeant géorgien de l’époque, M. Saakachvili, à déclencher une agression armée contre le peuple d’Ossétie du Sud et les soldats de maintien de la paix russes, en 2008.  De même, « trois ans plus tard, l’OTAN a organisé l’intervention militaire en Libye, détruisant son État et déstabilisant les pays voisins », a-t-il poursuivi.

M. Lavrov a également reproché au camp occidental d’être incapable de renoncer à des pratiques néocoloniales consistant à siphonner les richesses naturelles et culturelles des pays du Sud, malgré les promesses faites lors du Sommet de 2015 sur le développement durable.  Qualifiant ces dernières de « déclarations creuses », il a invité l’assistance à regarder « les statistiques sur la réalisation des promesses pour financer le développement des pays du Sud et y transférer des technologies respectueuses de l’environnement ».  Il a également accusé les États-Unis et leurs alliés de poursuivre, contre l’écrasante majorité des États Membres, des velléités d’hégémonie mondiale tous azimuts, en voyant une preuve dans le maintien de l’embargo commercial contre Cuba depuis plus de 60 ans et les bâtons que Washington n’a de cesse de mettre dans les roues de l’Organisation mondiale du commerce. 

M. Lavrov a encore vu la main de la « minorité occidentale » dans le fait que les changements attendus dans la réforme de l’ONU sont notamment freinés par l’octroi de l’essentiel des postes occupés au Secrétariat à des représentants de cette « minorité ». 

Pour la Russie, réanimer l’ONU nécessite d’en finir avec les sommets et les déclarations déconnectés de la réalité: ce qu’il faut, a affirmé le Ministre, c’est restaurer une confiance fondée sur le principe constitutionnel de l’égalité souveraine de tous les États Membres.  Ainsi faut-il faire le contraire de ce qui a conduit à l’adoption du Pacte pour l’avenir, un document « adopté sans qu’il y ait eu la moindre séance plénière » et rédigé pendant 18 mois sous le contrôle des « manipulateurs occidentaux ».  « Résultat: le Pacte, avant même d’exister réellement, a déjà rejoint le panthéon des déclarations d’intention écrites dans un anglais magnifiquement formulé mais qui ne fonctionnent pas », a affirmé M. Lavrov. 

Il a également vivement critiqué le fonctionnent du Conseil de sécurité, dénonçant le sabotage par les Occidentaux des processus relatifs au Kosovo, à la Bosnie-Herzégovine et à la création d’un État palestinien indépendant vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël.  Jugeant sévèrement tous ceux qui exigent que le reste du monde suive leurs « règles », le Ministre a soutenu que c’est la présence d’une « célèbre coalition » qui, en envahissant l’Afghanistan, a provoqué la formation d’Al-Qaida, que l’invasion de l’Iraq eut pour conséquence directe la création de l’État islamique, que le déclenchement de la guerre en Syrie a donné naissance au Front el-Nosra et que la destruction de la Libye a ouvert les vannes de la pénétration du terrorisme dans la région saharo-sahélienne et de l’afflux de millions de migrants illégaux vers l’Europe.

À ceux qu’il a appelés les « stratèges anglo-saxons », le Ministre a souligné que leurs projets n’échappaient à personne: « vaincre la Russie avec les mains du régime néonazi illégitime de Kiev ».  Il a jugé insensé de vouloir préparer l’Europe à se lancer dans une aventure suicidaire, à savoir lutter jusqu’à la victoire avec une puissance nucléaire comme la Russie.

Non moins insensées sont les incantations des maîtres occidentaux de Kiev sur l’absence d’alternative aux négociations basées sur la fameuse « formule de paix », a ajouté M. Lavrov, qui a comparé cette formule à une ultimatum voué à l’échec.  Il a rappelé que la Charte des Nations Unies ne pose pas seulement comme principe l’intégrité territoriale, ainsi que son Article premier proclame aussi l’obligation de respecter les principes d’égalité et d’autodétermination des peuples, base juridique internationale au processus de décolonisation. 

Pour M. Lavrov, il n’est pas nécessaire de prouver que les « néonazis ukrainiens », qui ont pris le pouvoir à Kiev à la suite d’un « coup d’État sanglant soutenu par les États-Unis et leurs alliés » en février 2014, « ne représentaient pas et ne représentent pas la population russe de Crimée et du Donbass ».  Le Ministre a, une fois encore, justifié « l’opération militaire spéciale que mène la Russie » par l’unique souci de protéger les populations russes vivant sous le joug de Kiev, restaurer les droits que leur confère la Charte et assurer leur avenir sur leur terre ancestrale.  Ce sont les violations flagrantes des droits des « Russes » et les menaces contre la sécurité de la Russie, et de toute l’Europe, du régime de Kiev et de l’OTAN qui sont les causes profondes de la crise ukrainienne actuelle, a-t-il martelé. 

Le Chef de la diplomatie russe, qui a rappelé que mai prochain marquera le quatre-vingtième anniversaire de la victoire contre le Troisième Reich, a appelé à ne trouver aucune justification morale à ceux qui tentent de blanchir les bourreaux nazis, leurs collaborateurs et leurs partisans actuels, y compris ceux sévissant à Kiev.  Il a assuré que la Russie sera toujours du côté de la vérité et du droit, de la paix et de la coopération, qualifiant de pleinement pertinents à cet égard les travaux du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, créé à l’initiative du Venezuela. 

C’est en trouvant le juste équilibre entre les intérêts nationaux légitimes de tous les pays qu’il sera possible de réaliser l’objectif de l’ONU, inscrit dans l’Article premier de la Charte: être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers des fins communes, a conclu M. Lavrov. 

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