
Guinée-Conakry : Le projet Simandou enjeux et risques
Le projet Simandou en Guinée est un mégaprojet minier et infrastructurant qui vise à exploiter l’un des plus grands gisements de minerai de fer au monde, avec une teneur exceptionnelle (65%).
Il comprend la mine, un chemin de fer de plus de 650 km et un port en eau profonde, représentant un investissement total de plus de 20 milliards de dollars. Le projet devrait faire bondir le PIB de la Guinée de 26% d’ici 2030, selon le FMI, et générer plus de 50 000 emplois directs et indirects.
La Guinée détient une part significative (15% dans la mine, jusqu’à 51% dans les infrastructures), ce qui lui assure une maîtrise stratégique et une participation active au développement du pays. La mention de « 15% de part pour la Guinée » signifie que la Guinée reçoit 15% des bénéfices générés par une activité ou un projet (par exemple dans le secteur minier).
En termes de profit, cela signifie que sur le bénéfice net réalisé, 15% sont attribués à la Guinée. Cette part peut être considérée comme un pourcentage de royalties, de dividendes ou de parts des profits, selon le contexte du contrat ou de l’accord. Concernant le moment où la Guinée pourrait toucher ces 15%, cela dépend généralement du calendrier des paiements fixé dans l’accord ou le contrat.
En général, la Guinée perçoit cette part de profit à la fin de chaque exercice financier annuel, une fois que les bénéfices ont été calculés et validés. Par exemple, à la fin d’une année, si un projet a réalisé du profit, la Guinée recevrait alors ses 15% de ce profit cette même année ou peu après, selon les modalités de versement convenues.
Mais avant que des dividendes puissent être distribués, les entreprises doivent généralement rembourser leurs dettes, amortir les investissements nécessaires (comme la construction des mines, du chemin de fer ou du port), couvrir les coûts d’exploitation et de maintenance, et constituer des réserves pour financer les extensions futures du projet.
Ces étapes sont prévues par la législation et la pratique comptable en Guinée, notamment dans le Code des activités économiques et le Code des investissements. Les dividendes ne peuvent être distribués qu’après avoir couvert les charges et constitué les réserves nécessaires, afin d’assurer la pérennité de l’entreprise et le respect des obligations légales.
Le corridor ferroviaire et portuaire va désenclaver des régions intérieures, dynamiser l’agriculture et le commerce, et impulser l’intégration régionale. Le minerai de Simandou, très pur, est destiné à la production d’acier décarboné, positionnant la Guinée comme acteur clé de la « green iron economy » mondiale.
Cependant, l’exploitation massive menace la biodiversité et les écosystèmes locaux, notamment la forêt tropicale et les ressources en eau. Sur le plan social, les populations locales redoutent les déplacements, la perte de terres agricoles et les impacts sur leur mode de vie.
Le projet a été marqué par des batailles judiciaires, des valses politiques et des affaires de corruption, ce qui soulève des questions sur la transparence et la gestion des revenus. L’ITIE « Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives » (en anglais, Extractive Industries Transparency Initiative, EITI).
C’est une norme internationale qui vise à promouvoir la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des revenus issus des secteurs pétrolier, gazier et minier. En Guinée, l’ITIE exige la publication annuelle de rapports détaillant les paiements effectués par les entreprises extractives au gouvernement (impôts, redevances, dividendes, etc.).
Mais également les recettes perçues par l’État grâce à l’exploitation des ressources naturelles, des données contextuelles sur la production, les exportations, l’emploi et les paiements sociaux. La Guinée est membre de l’ITIE depuis 2005 et a obtenu le statut de « pays conforme » en 2014, ce qui signifie qu’elle respecte les exigences de transparence de la norme.
L’objectif est d’éviter la « malédiction des ressources naturelles » (richesse des ressources mais pauvreté des populations) en garantissant que les revenus miniers profitent réellement au développement du pays et à ses citoyens. Simandou représente une opportunité majeure pour la Guinée, mais il s’accompagne de risques environnementaux, sociaux et économiques importants qu’il faudra gérer avec rigueur et transparence.
La rédaction afrique54.com




