
Guinée Conakry : 19 juillet 1976 , L’arrestation de Diallo Telli
Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1976, Diallo Telli, ancien secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et ministre de la Justice en Guinée, est arrêté à son domicile à Conakry. Cette arrestation s’inscrit dans le contexte de tensions politiques grandissantes sous le régime du président Sékou Touré, marqué par la méfiance envers les élites, notamment celles issues de l’ethnie peule.
Motif officiel de l’arrestation : Diallo Telli est accusé d’être l’instigateur principal du « complot Peul », présenté par le régime comme un vaste projet subversif de déstabilisation du pouvoir. Plusieurs autres hauts fonctionnaires et officiers, principalement issus de la même communauté, sont arrêtés dans la foulée.
Le soir du 18 juillet, Sékou Touré contacte Diallo Telli et lui demande de se présenter à la présidence ou il restera tard dans la soirée. Peu après minuit, une Jeep conduite par Siaka Touré emmène Diallo Telli au tristement célèbre camp Boiro, où il sera incarcéré.
Accusé de complot, Diallo Telli est soumis à la « diète noire » (privation totale d’eau et de nourriture) à partir de février 1977, dans la cellule 52 du camp. Il meurt dans des conditions effroyables le 1er mars 1977. Son décès, comme celui d’autres victimes du « complot Peul », sera entouré de silence officiel et d’absence de cérémonies religieuses, ses effets personnels étant brûlés
Né en 1925 à Poredaka, en Guinée, Premier secrétaire général de l’OUA (1964–1972) et Ministre de la Justice en Guinée à partir de 1972. Ambassadeur à Washington et représentant permanent auprès des Nations unies, Telli s’affirme vite au sein du groupe afro-asiatique.
Arrivé à New York à la fin 1958, il représentera la Guinée à l’Onu jusqu’en juin 1960, puis de nouveau de mars 1961 jusqu’en août 1964, date à laquelle il prendra ses fonctions à Addis Abeba à la tête du secrétariat de l’Oua, où son nom s’impose lorsqu’en 1963 est créée cette instance africaine. Il en sera le secrétaire général pendant deux mandats, jusqu’en 1972, où il n’est pas réélu, en grande partie à cause des réticences de Sékou Touré, devant qui il lui a fallu à plusieurs reprises justifier de sa fidélité.
Malheureusement, le 1er mars 1977 au matin, sa résistance a pris fin, et Boubacar Diallo Telli mourut dans cette sinistre cellule 52 du Camp Boiro.
Sa mort restera longtemps ignorée. Sept ans après lui, en mars 1984, survient la mort de Sékou Touré, dont il fut la plus illustre victime. Après la mort du premier Président de la Guinée indépendante, l’une des premières décisions prise sous la 2ème République de Guinée par Lansana Conté, après l’ouverture et la libération des détenus encore vivants, sera de réhabiliter les victimes et d’ordonner la restitution de leurs biens. Diallo Telli restera le plus illustre des martyrs du régime de Sékou Touré.
La rédaction afrique54.com