Guinée : Mesures drastiques concernant les partis politiques du pays
Le gouvernement de transition guinéen a récemment pris des mesures drastiques concernant les partis politiques du pays, entraînant des changements significatifs dans le paysage politique.
Dissolution et suspension des partis
- 53 partis politiques ont été dissous par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD)123.
- 54 autres partis ont été suspendus pour une durée de 3 mois23.
- 67 partis non évalués.
- 37 formations politiques mise sous observation.
Au total, 211 partis politiques ont été évalués dans le cadre de ce processus4.
Raisons invoquées
Le MATD justifie ces mesures par plusieurs motifs, notamment :
- Non-respect des conditions de constitution d’un parti politique
- Absence de participation aux élections
- Manque de responsables identifiés
- Absence d’adresse électronique ou physique1
- Irrégularités administratives et comptables
- Conflits internes2
Partis majeurs concernés
- Les deux principaux partis d’opposition, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG Arc-en-ciel d’Alpha Condé, ont échappé à la dissolution mais ont été placés « sous observation » pour 3 mois24.
- Parmi les partis suspendus figurent le Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) et le PDG-RDA3.
Les résultats de cette « évaluation » sont publiés dans un contexte de répression continue exercée par les autorités militaires, et deux mois avant le terme de fin 2024 qu’elle avait initialement accepté sous la pression internationale pour rendre le pouvoir à des civils élus. Le régime en place depuis le putsch de 2021 a depuis lors fait savoir qu’il ne respecterait pas cet engagement4.
La junte a fait arrêter, mis en cause ou contraint à l’exil de nombreux opposants. Elle a interdit les manifestations, dissous un collectif qui réclame le retour des civils au pouvoir,et retiré leur agrément à certains des principaux médias privés. La répression de manifestations non autorisées a causé la mort de dizaines de personnes, selon les défenseurs des droits et la société civile.4
La junte militaire au pouvoir, dirigée par le général Mamadi Doumbouya, a pris le contrôle en septembre 20212. Ces mesures sont perçues par certains comme une tentative d' »assainir l’échiquier politique »4. L’opposition et une partie de la société civile critiquent ces décisions, y voyant une atteinte à la démocratie et aux libertés fondamentales.
La communauté internationale appelle à un dialogue inclusif pour une transition démocratique rapide. Cette purge politique sans précédent en Guinée soulève des inquiétudes quant au pluralisme politique et à la représentativité des institutions dans le pays. Elle intervient alors que la junte n’a toujours pas fixé de date précise pour un retour à un régime civil, malgré les pressions internationales.
Pourquoi les partis UFDG et RPG ont-ils été épargnés?
L’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG Arc-en-ciel d’Alpha Condé, les deux principaux partis d’opposition en Guinée, n’ont pas été dissous mais ont été placés « sous observation » pour une période de 3 mois34.
Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi ces deux partis majeurs ont été épargnés de la dissolution :
- Leur importance politique : L’UFDG et le RPG sont les deux plus grandes formations politiques du pays, avec une base électorale significative. Les dissoudre aurait pu être perçu comme une tentative d’éliminer toute opposition.
- Éviter une crise politique majeure : La dissolution de ces partis aurait probablement provoqué de vives protestations et une instabilité accrue, ce que la junte cherche à éviter.
- Pression internationale : La communauté internationale surveille de près la situation en Guinée. Dissoudre les principaux partis d’opposition aurait pu entraîner de fortes condamnations et sanctions.
- Stratégie de contrôle : En les plaçant « sous observation », la junte maintient une pression sur ces partis tout en évitant de les supprimer complètement. Cela lui permet de garder un levier de contrôle sur l’opposition.
- Apparence de pluralisme : Garder ces partis donne une apparence de pluralisme politique, même si leur liberté d’action est limitée.
Il est important de noter que même si ces partis ont été épargnés de la dissolution, leur mise « sous observation » représente tout de même une forme de pression et de contrôle exercée par les autorités militaires sur l’opposition5.
La rédaction afrique54