Guinée : Restitution des terres à des victimes d’expulsions forcées à Conakry
Ces expulsions ont eu lieu sous les régimes précédents, de 1998 et notamment en 2019 sous la présidence d’Alpha Condé. Des milliers de personnes avaient été délogées de force de leurs habitations dans différents quartiers de Conakry.
Les expulsions avaient principalement touché les quartiers de Kipé 2 et Dar-Es-Salam à Conakry. Certains habitants avaient tenté de contester la légalité de ces expulsions en justice, affirmant posséder des documents prouvant la légitimité de leur occupation des terres depuis avant 1989.
Les témoignages recueillis à l’époque faisaient état d’expulsions brutales, avec peu ou pas de préavis, et l’utilisation de la force par les autorités. Human Rights Watch écrivait à l’époque, «Des milliers de maisons ont été rasées dans la capitale, tandis que les habitants expulsés ont été privés d’aide ou d’indemnisation».
Entre février et mai 2019, plus de 20 000 personnes ont été déplacées après que des bulldozers et d’autres engins lourds ont démoli les bâtiments et ont expulsé de force les habitants des quartiers de Kaporo-Rails, Kipé 2, Dimesse et Dar-Es-Salam. Le gouvernement de la Guinée a expliqué que les terres appartiennent à l’État et qu’elles seront utilisées pour les ministères du gouvernement, les ambassades étrangères, les entreprises et d’autres travaux publics.
Le ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, qui a supervisé les expulsions, affirme que les zones d’expulsion correspondaient à des terres de l’État. Cependant, bon nombre de personnes dont les maisons ont été démolies ont indiqué qu’elles avaient des documents attestant que leurs familles avaient des droits de propriété depuis plusieurs décennies sur les terres. « C’est désastreux de perdre tout ce que vous avez en 30 minutes », a raconté Makia Touré, mère de six enfants, précisant que sa famille vivait à Kipé 2 depuis 1985.
Le gouvernement actuel, dirigé par le président de transition Mamadi Doumbouya, a décidé de rectifier cette situation en restituant des terres aux victimes de ces expulsions. Cette action vise à réparer les injustices passées et à répondre aux besoins de logement des personnes expulsées.
La remise des terres a eu lieu dimanche, marquant un tournant dans la gestion de cette crise du logement à Conakry. Les associations représentant les victimes ont reçu les actes de propriété de 258 hectares à Wonkifong, à quelque 60 km de Conakry. Le terrain sera géré par la société étatique SONAPI, qui sera responsable du développement du site et du relogement des victimes.
Le porte-parole des victimes, Samba Sow, était présent à la cérémonie et a fait une déclaration, le général Amara Camara, porte-parole de la junte au pouvoir, a également participé à la cérémonie.
La rédaction afrique54