L’onde de choc, l’Abbé Pierre est visé par une salve d’accusations de violences sexuelles
L’Abbé Pierre, figure emblématique de la lutte contre l’exclusion en France, fait l’objet d’une série d’accusations de violences sexuelles qui ont récemment été révélées au public.
Un rapport indépendant commandé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre a mis en lumière les témoignages de sept femmes accusant l’Abbé Pierre d’agressions sexuelles. Ces faits se seraient déroulés entre la fin des années 1970 et 2005, et l’une des victimes était mineure au moment des premiers incidents.
Nouveaux témoignages
Depuis la publication de ce rapport, de nouvelles accusations ont émergé :
- Une huitième femme, une infirmière, a témoigné sur France Inter d’une agression sexuelle survenue en 2006 dans un hôpital militaire.
- Trois témoignages supplémentaires avaient été recueillis par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) lors de son enquête entre 2019 et 2021.
- Plus récemment, 17 nouveaux témoignages ont été identifiés, accusant l’Abbé Pierre de violences sexuelles.
Nature des accusations
Les témoignages font état de divers comportements inappropriés, allant de propos déplacés à connotations sexuelles à des attouchements et des agressions sexuelles. Certaines victimes décrivent des situations où l’Abbé Pierre aurait profité de sa position d’autorité et de sa réputation pour commettre ces actes.[1]
France Televisions a recueilli anonymement le témoignage de deux sœurs dont la mère aurait été abusée par l’Abbé Pierre en 1989 et 1990. Cette dernière a écrit une lettre adressée à la commission sur les abus sexuels dans l’Église, dans laquelle elle témoigne sur ces abus. Le courrier a été lu à ses deux filles au moment de son décès en 2019, qu’elles ont retranscrit.
Elle y fait part des « abus sexuels » que de l’Abbé Pierre lui aurait infligés alors qu’elle venait de quitter le Canada à 33 ans pour fuir son mari violent. Démunie, elle s’était alors tournée vers l’Abbé, qu’elle connaissait personnellement, pour obtenir de l’aide, expliquent ses filles. Elle écrit dans sa lettre que le soutien du prêtre se serait accompagné d’une contrepartie sexuelle : « Il est passé rapidement d’une aide charitable à des faits d’abus sexuels », rédige-t-elle. Dans sa lettre, la mère évoque aussi les conditions dans lesquelles se seraient déroulés ces faits d’agressions : « Il m’emmenait dans un appartement parisien dont il avait la clef […] Il se masturbait devant moi, me demandait de lui faire des fellations, me fouettait avec sa ceinture et m’a proposé d’avoir des relations avec une jeune femme qu’il connaissait parce qu’il était excité par le spectacle des lesbiennes qui avaient des ébats sexuels devant lui », a-t-elle écrit dans sa lettre adressée à la commission sur les abus sexuels dans l’Église.
Réactions et conséquences
Face à ces révélations, les organisations liées à l’Abbé Pierre ont pris des mesures :
- Un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement confidentiel a été mis en place pour les victimes et les témoins.
- La Fondation Abbé Pierre a annoncé qu’elle allait changer de nom suite à ces accusations.
JUSTICE
La Fondation Abbé Pierre ne va plus s’appeler comme ça après les nouvelles accusations visant le prêtre.
Le poids du scandale est trop lourd à porter. La Fondation Abbé Pierre a annoncé ce vendredi 6 septembre avoir « initié » des démarches pour changer de nom après la publication de nouvelles accusations de violences sexuelles visant le prêtre, décédé en 2007.
Ces révélations ont profondément ébranlé l’image de l’Abbé Pierre, longtemps considéré comme une figure morale et spirituelle en France. Elles soulignent également l’importance de remettre en question les figures d’autorité et de prendre au sérieux les témoignages de victimes, même lorsqu’il s’agit de personnalités respectées.[3]
Ressources
- [1] Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre
- [2] Les faits dénoncés remontent à une période des années 50
- [3] Et si ce n’était que le début?
La rédaction afrique54