À gauche Oumar Sylla (alias Fonike Mengue) à droite Mamadou Billo Bah

L’ONU : Rappelle le caractère « tout simplement inacceptable » du point de vue des droits humains en Guinéé.

L’appel des Nations Unies est le plus ferme et le plus direct adressé à la Guinée depuis le déclenchement de la crise politique et reflète l’inquiétude croissante sur le respect des engagements internationaux en matière de droits fondamentaux.

L’ONU, à travers le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk, a appelé officiellement les autorités guinéennes à lever les interdictions frappant les partis d’opposition et les médias, rappelant leur caractère « tout simplement inacceptable » du point de vue des droits humains. Ce message fait suite au référendum constitutionnel du 21 septembre 2025, qui s’est déroulé dans un contexte de suspension de plusieurs partis majeurs de l’opposition et de nombreux organes de presse, ainsi que d’arrestations et de disparitions forcées.

L’ONU exhorte la junte et les autorités de transition à garantir l’inclusivité, la transparence, la liberté d’expression et le droit de réunion, pour une véritable participation de tous les acteurs politiques et de la société civile au processus électoral. Trois principaux partis ont été interdits d’exercer leurs activités, empêchés de mener campagne ou de s’exprimer dans les médias, et plusieurs médias indépendants ont été suspendus, parmi eux Guineematin, Espace FM, Sabari FM, West Africa TV, Sweet FM et Sab TV.

Le Haut-Commissaire demande également la libération des détenus politiques et la fin des arrestations arbitraires et des disparitions forcées, citant des cas précis tels que le militant Oumar Sylla alias Foniké Mengué et le journaliste Habib Marouane Camara. Depuis le coup d’État de septembre 2021, la junte militaire a multiplié les restrictions aux libertés politiques et médiatiques, invoquant des motifs de sécurité mais suscitant de vives critiques au niveau international, y compris de la part de la société civile guinéenne et internationale.

Les interdictions visant les partis d’opposition et les médias en Guinée risquent d’avoir un impact négatif majeur sur les élections prévues en décembre 2025. Restreindre la participation des partis d’opposition affaiblit la pluralité politique et compromet la légitimité du scrutin, car une partie importante de la société ne pourra pas s’exprimer librement ni concourir équitablement.

La suspension de médias clés limite l’information indépendante et la transparence électorale, favorisant une couverture biaisée et un contrôle de la narration par les autorités de transition. Ces restrictions alimentent le climat de méfiance et de contestation, susceptibles de provoquer une forte abstention, voire des violences post-électorales, comme l’ONU et plusieurs observateurs internationaux l’ont prévenu.

L’exclusion des voix dissidentes risque aussi d’entraver le dialogue politique et la construction d’une gouvernance plus inclusive, essentielle à l’issue durable de la crise politique actuelle. L’ONU attend que ces interdictions soient levées pour garantir un processus politique crédible, inclusif et respectueux des droits fondamentaux avant les élections de décembre 2025.

La rédaction afrique54.com