
Madagascar : L’armée malgache rejoint la contestation
L’armée malgache a effectivement rejoint la contestation contre le pouvoir le 11 octobre 2025, marquant un tournant majeur dans la crise politique en cours à Madagascar.
Ce samedi 11 octobre 2025, la crise politique à Madagascar a pris un tournant décisif. des groupes de soldats de l’armée malgache ont rejoint les manifestants dans les rues d’Antananarivo. Un contingent de militaires a même appelé publiquement les forces de sécurité à « refuser les ordres de tirer » sur la population, ce qui a été perçu comme un signe de fracture au sein de l’institution militaire et une pression accrue sur le président Andry Rajoelina.
Des groupes de soldats, notamment du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), une grande base militaire près d’Antananarivo, ont appelé leurs pairs à désobéir aux ordres et à refuser de tirer sur les manifestants. Des véhicules chargés de soldats armés ont été vus aux côtés des milliers de manifestants rassemblés dans la capitale, notamment dans la zone du lac Anosy, où la police avait tenté de disperser la foule avec des grenades lacrymogènes.
Les manifestants ont accueilli les militaires avec des cris de remerciement, certains soldats brandissant des drapeaux malgaches en signe de soutien à la contestation. Dans une vidéo largement diffusée, ces militaires ont exhorté policiers, gendarmes et soldats stationnés devant les palais présidentiels à quitter leurs postes et à rejoindre les camps d’origine, ou même à bloquer l’aéroport, refusant toute répression sanglante des protestations populaires.
La contestation, initialement dirigée contre les coupures d’eau et d’électricité, s’est transformée en mobilisation directe contre le président Andry Rajoelina, portée par les jeunes du mouvement « Gen Z ». Cette situation survient après plusieurs semaines de manifestations, initialement déclenchées par des coupures d’eau et d’électricité, avant de se transformer en un mouvement de contestation politique exigeant le départ du président.
Depuis le 25 septembre, la mobilisation a pris de l’ampleur, avec plusieurs milliers de personnes dans les rues, la répression ayant déjà causé entre 12 et 22 morts selon les sources, et plus d’une centaine de blessés. Le nouveau ministre des Armées, Deramasinjaka Manantsoa Rakotoarivelo, a appelé les troupes à privilégier le dialogue et au respect de la médiation, tout en rappelant que l’armée malgache reste « la dernière ligne de défense de la nation ».
La nomination récente d’un Premier ministre issu de l’armée n’a pas suffi à calmer la colère populaire, et la fracture au sein de l’armée semble désormais ouverte. De nombreux manifestants ont exprimé leur gratitude envers les soldats ayant rejoint la foule, marquant ainsi une fracture visible au sein des forces armées.
L’appel à la désobéissance militaire et à la protection des manifestants représente un défi direct au pouvoir exécutif malgache et à la chaîne de commandement militaire, rappelant des précédents historiques lors des crises politiques antérieures. La situation reste très évolutive, mais ce ralliement d’une partie de l’armée constitue un signal fort de bascule dans la dynamique du mouvement de contestation à Madagascar
La rédaction afrique54.com