
Voyager en Afrique lorsqu’on est africain
Voyager en Afrique lorsqu’on est africain est fréquemment un processus exaspérant et rageant, à cause de systèmes de visas complexes, du coût élevé des déplacements, et d’une logistique pénible qui entrave la libre circulation sur le continent.
La majorité des pays africains exigent un visa pour les ressortissants d’autres états africains, et obtenir ce visa réclame souvent plusieurs documents, des déplacements à l’ambassade, et des frais parfois supérieurs à ceux pour l’Europe. Par exemple, il peut coûter plus cher de voyager de Nairobi à Casablanca que d’aller à Dubaï.
Même les personnalités africaines très riches (ex. Aliko Dangote) doivent obtenir des dizaines de visas pour leurs propres investissements sur le continent. Les infrastructures de transport restent insuffisantes : les options aériennes sont limitées, peu de vols directs entre voisins, et sur terre, routes et chemins de fer sont généralement mal entretenus ou dangereux.
En dehors des grandes villes, le manque de transport fiable aggrave la difficulté à explorer le continent. Les Africains ressentent que voyager chez soi est plus compliqué que pour les européens, qui bénéficient de plus de flexibilité et d’accès sans visa dans de nombreux pays africains.
Cette situation est vue comme un héritage direct des frontières héritées de la colonisation, peu adaptées aux besoins contemporains et freine la « renaissance africaine » ou l’intégration continentale.
Le Burkina Faso vient d’annoncer la gratuité des frais de visa pour tous les ressortissants africains, mais il ne s’agit pas d’une exemption totale : les Africains doivent toujours faire une demande de visa en ligne, qui sera examinée et délivrée gratuitement si elle est acceptée.
Cette mesure a été prise lors du Conseil des ministres du 11 septembre 2025, dans le cadre d’une politique panafricaniste affirmée par le président de la Transition, Ibrahim Traoré. Elle vise à faciliter la libre circulation des personnes et des biens, à promouvoir le tourisme, la culture burkinabè et l’intégration africaine.
La gratuité des frais ne signifie pas que les visas sont abolis : l’obligation de demander un visa persiste. En 2025, plusieurs pays africains ont franchi la formalité du visa et offrent une entrée sans visa à tous les ressortissants africains, adoptant une politique d’ouverture continentale et facilitant la libre circulation.
Les Seychelles, première à lever toutes restrictions, pour tous les Africains et étrangers, le Rwanda, visa gratuit pour tous les Africains depuis fin 2023, une politique pionnière en Afrique de l’Est. Le Kenya, depuis janvier 2024, tout Africain peut entrer sans visa. Un eTA en ligne reste parfois demandé à la place.
Le Ghana, depuis janvier 2025, entrée libre pour tous les Africains, inscrivant le pays dans cette dynamique panafricaniste. Le Bénin, politique d’ouverture appliquée depuis 2019, aucun visa requis pour les Africains.Et la Gambie accueil libre avec seulement une pièce d’identité pour les Africains.
Il reste peu de pays avec une ouverture totale — la majorité imposent encore des visas avec assouplissement progressif. Il existe aujourd’hui six pays africains entièrement ouverts aux Africains sans formalité de visa et plusieurs autres qui facilitent ou offrent des visas gratuits, rendant la mobilité continentale enfin un peu plus concrète.
La rédaction afrique54.com