Guinée Que Sont Devenus les Opposants Disparus

Guinée Conakry : Aucun élément concret n’a été fourni sur le sort de Foniké Menguè et Billo Bah.

Un an après leur enlèvement, les opposants guinéens Oumar Sylla (alias Foniké Menguè) et Mamadou Billo Bah, figures du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), demeurent introuvables. Ils ont été arrêtés le 9 juillet 2024 à Conakry par des hommes armés et cagoulés, identifiés par des témoins comme appartenant à des unités d’élite de la gendarmerie et de l’armée. Depuis ce jour, ils n’ont donné aucun signe de vie, et aucune information officielle sur leur sort n’a été fournie par les autorités.

Le gouvernement guinéen nie toute implication et affirme ne pas détenir les deux militants, tout en promettant l’ouverture d’enquêtes. Cependant, aucune investigation sérieuse n’a été menée : aucune avancée n’a été communiquée, et les familles restent sans nouvelles, vivant dans l’angoisse et l’incertitude.

Des témoignages directs, comme celui d’un militant arrêté en même temps qu’eux puis relâché après des actes de torture, confirment la violence de l’opération et la nature ciblée de l’enlèvement. Il dénonce l’attitude cynique du gouvernement, qui prétend diligenter une enquête tout en maintenant le silence sur le sort des disparus.

La société civile, des ONG internationales et des partis d’opposition dénoncent une stratégie délibérée de la junte pour faire taire les voix dissidentes par des disparitions forcées, des enlèvements nocturnes et des actes de torture. Plusieurs autres cas similaires ont été signalés, visant journalistes, militants et avocats critiques envers le régime.Disparition forcée de Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah en Juillet 2024.

Disparition forcée de Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah en Juillet 2024.

Enlèvement et torture de Abdoul Sacko en Février 2025.

Disparition du journaliste Habib Marouane Camara en Décembre 2024.

À ce jour, aucun élément concret n’a été fourni sur le sort de Foniké Menguè et Billo Bah. Les appels à la vérité et à la justice se multiplient, mais la junte reste silencieuse, et l’impunité persiste.

L’affaire des opposants disparus en Guinée pourrait profondément dégrader la perception internationale des droits humains dans le pays. Face à l’inaction des autorités guinéennes, les ONG se tournent vers la communauté internationale. Elles appellent à une mobilisation pour faire pression sur la junte et garantir que les responsables des disparitions soient jugés. Cette démarche s’inscrit dans un contexte plus large, où les violations des droits humains en Afrique de l’Ouest suscitent une attention croissante.

Depuis plusieurs années, la Guinée tente de montrer à la communauté internationale sa volonté de réformer la justice, de renforcer l’État de droit et de respecter les conventions internationales ratifiées. Des avancées, comme la tenue du procès du massacre du 28 septembre 2009, avaient été saluées comme des signaux positifs.  Mais l’absence de réponse sur les disparitions forcées risque de réduire à néant ces efforts, en donnant l’image d’un recul brutal.

L’inaction des autorités face à ces disparitions, malgré les appels répétés à la vérité et à la justice, risque de convaincre la communauté internationale que la justice guinéenne n’est pas en mesure, ou n’a pas la volonté, de garantir les droits fondamentaux et de protéger les opposants politiques.

La rédaction afrique54.com