Afrique de l’Ouest le trafic de bois de rose
Le trafic de bois de rose en Afrique de l’Ouest est devenu un problème majeur, menaçant gravement les écosystèmes forestiers de la région.
Ampleur du trafic
Le bois de rose (Pterocarpus erinaceus), également connu sous les noms de « bois de vène » ou « kosso », est massivement exploité en Afrique de l’Ouest depuis les années 2000.
Cette région est devenue la première productrice mondiale de cette essence précieuse, très prisée sur le marché chinois pour la fabrication de meubles de luxe.1
Entre 2019 et 2021, d’énormes quantités de bois de rose ont été exportées illégalement depuis plusieurs pays Ouest-Africains, notamment :
- Sierra Leone : 673 000 tonnes
- Ghana : 260 000 tonnes
- Mali : 232 000 tonnes
- Gambie : 189 000 tonnes
Mécanismes du trafic
Le trafic implique souvent une collusion entre des trafiquants chinois, des hommes d’affaires locaux et certaines autorités. Les principaux mécanismes incluent :
- Versement de pots-de-vin aux chefs de villages pour accéder aux forêts
- Contournement des lois nationales et internationales
- Utilisation de faux certificats d’exportation
- Transit par des pays voisins comme le Sénégal ou la Mauritanie
Conséquences
Les impacts de ce trafic sont désastreux :
- Déforestation massive et perte de biodiversité
- Destruction des jeunes pousses pour accéder aux arbres centenaires
- Financement de groupes armés comme Boko Haram
- Insécurité dans certaines régions
Mesures de lutte
Face à cette situation alarmante, plusieurs initiatives ont été prises :
- En 2017, inscription du bois de rose à l’Annexe II de la CITES, imposant des permis pour son commerce international
- En juin 2022, la CITES a annoncé la suspension de tout commerce de bois de rose en provenance de 16 pays d’Afrique de l’Ouest
- Adoption de lois nationales interdisant ou limitant l’exploitation du bois de rose dans plusieurs pays
- Renforcement des contrôles forestiers dans certains États comme le Sénégal
Malgré ces efforts, le trafic persiste en raison de la corruption endémique et des difficultés d’application des lois. La lutte contre ce commerce illégal nécessite une coopération accrue entre les pays de la région et une vigilance constante de la communauté internationale.
Quelle est la rôle de la CITES dans la lutte contre le trafic de bois de rose?
La CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) joue un rôle crucial dans la lutte contre le trafic de bois de rose en Afrique de l’Ouest : 3
Réglementation internationale
- En 2017, la CITES a inscrit le bois de rose (Pterocarpus erinaceus) à l’Annexe II, imposant ainsi des permis pour son commerce international
- En juin 2022, la CITES a pris une décision majeure en suspendant tout commerce de bois de rose en provenance de 16 pays d’Afrique de l’Ouest
La CITES fournit un cadre juridique international que les pays membres sont tenus de respecter :
184 pays, dont la Chine (principal importateur), sont membres de la CITES et doivent appliquer ses décisions. Cette approche multilatérale renforce l’efficacité des interdictions nationales qui étaient auparavant difficiles à faire respecter
Dérogations et contournements
Malgré les efforts de la CITES, certains défis persistent :
- Des pays comme le Mali ont tenté d’invoquer des exemptions de la CITES pour lever des saisies de bois de rose 2
- Certaines entreprises forestières exploitent les ambiguïtés juridiques pour contourner les restrictions, par exemple en prétendant que le bois a été « transformé » avant l’exportation
Amadou Traoré, un lanceur d’alerte malien, a dénoncé le trafic de bois de rose, aussi appelé « bois de Vène », et la déforestation le long des frontières entre le Mali et le Sénégal. Après avoir terminé ses études universitaires, Traoré, originaire de Thial au Mali, rencontre un homme d’affaires chinois connu sous le nom de « M. X ». L’activité de cet homme d’affaires est centrée sur le bois de rose, utilisé en ébénisterie, qu’il vend par l’intermédiaire de sa société. Cependant, M.X. est confronté à la barrière de la langue qui entrave ses activités professionnelles. Il propose alors à Traoré un poste d’interprète en 2014, et alors que ce dernier gravissait les échelons au sein de la société, il découvre que le bois de rose exporté vers la Chine était faussement déclaré comme provenant de Côte d’Ivoire. En réalité, ce bois proviendrait du Mali, où le commerce du bois de rose est pourtant suspendu. 3
Quels sont les exemples de succès de la CITES dans la lutte contre le trafic de bois de rose?
La CITES a obtenu quelques succès notables dans la lutte contre le trafic de bois de rose en Afrique de l’Ouest, bien que des défis importants persistent :
En juin 2022, la CITES a pris une mesure forte en suspendant tout commerce de bois de rose en provenance de 16 pays d’Afrique de l’Ouest. La suspension du commerce du Nigéria en 2018 pour non-respect de la convention CITES, et sa mise en œuvre par la Chine, a montré l’impact significatif qu’une telle mesure peut avoir sur le trafic régional et mondial du bois de rose. Cette action a perturbé les réseaux de trafic, bien que les trafiquants se soient ensuite tournés vers d’autres pays comme la Sierra Leone.
Les pays de l’Afrique de l’Ouest ont interdit le commerce du bois de rose
Selon les informations fournies, 16 pays d’Afrique de l’Ouest ont interdit le commerce du bois de rose suite à une décision de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction).
Bien que la liste complète des 16 pays ne soit pas fournie, certains pays sont spécifiquement mentionnés comme étant concernés par cette interdiction :
- Sénégal
- Nigéria
- Ghana
- Mali
- Gambie
- Burkina Faso
- Cameroun
- Guinée-Bissau
Ressources
- 1 2 3 (CC BY-NC-ND 2.0)
La rédaction afrique54