Afrique de l’Ouest : Pour une protection des lanceurs d’alerte

Selon un récent rapport de la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF), la situation des lanceurs d’alerte en Afrique de l’Ouest est préoccupante : 1

Manque de protection juridique

  • Sur 14 pays examinés, seuls 3 disposent d’une loi spécifique protégeant les lanceurs d’alerte.
  • Même dans ces pays, l’application des lois existantes laisse parfois à désirer.
  • L’absence de cadre juridique adéquat expose les lanceurs d’alerte à des risques importants.

Lacunes législatives

Pour une protection efficace, le rapport souligne la nécessité de :

  • Définir clairement le statut de lanceur d’alerte
  • Établir des procédures de signalement
  • Garantir une protection contre les représailles
  • Punir les auteurs de représailles
  • Prévoir des mesures de sécurité spécifiques

Autres obstacles, Application variable des lois contre la criminalité financière, menaces sur la liberté de la presse entravant les enquêtes journalistiques, insuffisance des législations complémentaires (accès à l’information, liberté d’expression).

Le rapport appelle les gouvernements, organisations régionales et bailleurs de fonds à :

  • Adopter des lois spécifiques de protection des lanceurs d’alerte
  • Réviser la législation sur les infractions financières
  • Renforcer les mécanismes de protection existants
  • Accroître les pouvoirs des autorités compétentes

La PPLAAF souligne l’importance cruciale des lanceurs d’alerte pour révéler la criminalité financière et promouvoir la stabilité et la prospérité de la région. Des actions urgentes sont nécessaires pour améliorer leur protection et encourager davantage de personnes à se manifester.

Qui sont les lanceurs d’alerte et à quoi servent-ils ?

Ces dix dernières années en Afrique, les lanceurs d’alertes ont permis de mettre en lumière des faits de malversations financières, de corruption entre autres.

Les « Luanda Leaks » en Angola, Congo Hold-Up et les « Lumumba Papers » en RDC, le scandale de corruption en Afrique du Sud qui a poussé à la démission de Jacob Zuma de la présidence en 2018. Des affaires qui ont secoué les plus hautes sphères des pays africains et qui ont un point en commun : toutes ont été dénoncées à la base par des lanceurs d’alertes. 2

Jimmy Kande se veut d’ailleurs clair sur cette question ; « ce n’est pas celui qui va mettre une information sur les réseaux sociaux, même s’il en a l’exclusivité qui peut être considéré comme lanceur d’alerte » martèle-t-il.

Des lanceurs d’alerte célèbres en Afrique

Il y a plusieurs lanceurs d’alerte célèbres en Afrique de l’Ouest qui ont joué un rôle crucial dans la révélation de scandales importants. 3

  1. Rafael Marques de Morais (Angola) : Journaliste et activiste, il a dénoncé la corruption et les violations des droits de l’homme en Angola, notamment à travers son site web Maka Angola. Ses révélations ont conduit à des enquêtes internationales et à une prise de conscience accrue des pratiques corrompues dans le pays. Ces révélations ont impliqué Isabel Dos Santos, la fille de l’ancien président angolais.
  2. Anas Aremeyaw Anas (Ghana) : Journaliste d’investigation, il est connu pour ses enquêtes sous couverture qui ont exposé la corruption dans divers secteurs, y compris le système judiciaire et le football. Son travail a mené à des réformes et à des poursuites judiciaires contre des fonctionnaires corrompus.
  3. Moussa Tchangari (Niger) : Activiste et journaliste, il a dénoncé les abus de pouvoir et les violations des droits de l’homme au Niger. Son travail a attiré l’attention sur les conditions de vie des populations marginalisées et les pratiques abusives des autorités.

Ressources

La rédaction afrique54