Analyse des coups d’État en Afrique de l’Ouest
Les coups d’État en Afrique de l’Ouest sont un phénomène complexe avec des causes et des conséquences variées. Depuis 2020, l’Afrique de l’Ouest a enregistré six changements anticonstitutionnels de gouvernement.
Pour assurer la sécurité et la stabilité régionales, une révision urgente des modes et processus de gestion des coups d’État s’impose. Cela nécessite une approche multidimensionnelle pour être efficace.
Lorsque surviennent des coups d’État militaires, la réaction de la communauté internationale est généralement de les condamner et d’exercer des pressions pour l’organisation d’élections démocratiques. Mais la récurrence des coups d’État militaires sur le continent africain – cinq récents coups d’État réussis en huit mois (entre avril 2021 et janvier 2022) – semble indiquer une inefficacité des approches actuelles de gestion des coups d’État et des transitions politiques qui s’en suivent.[2]
Les juntes militaires, bénéficiant d’un soutien populaire apparent, prolongent indéfiniment les périodes de transition, plongeant les processus de médiation régionaux et continentaux dans une crise sans précédent. Après le récent coup d’Etat au Niger, des intellectuels africains ont publié une note encourageant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à se réinventer. À ce jour, quatre des quinze pays membres de l’organisation régionale sont dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par un coup d’Etat.
- Mali : Le Mali a connu plusieurs coups d’État, le plus récent en 2021, en raison de l’insécurité et de la mauvaise gouvernance1.
- Guinée : En 2021, un coup d’État a renversé le président Alpha Condé, principalement en raison de la corruption et de la manipulation des élections.
- Burkina Faso : En 2022, un coup d’État a eu lieu en réponse à l’incapacité du gouvernement à gérer les attaques terroristes1.
Il faut noter que les coups d’État postérieurs aux années 1990 n’ont donné lieu à l’exécution d’aucun dirigeant, c’est le cas notamment de la troisième vague de coups d’État (au Soudan, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon).
Ne rien dire quand un président change la constitution de son pays dans le seul but de pouvoir se représenter, c’est en quelque sorte semer les graines d’un potentiel coup d’État.. L’exemple de la Guinée est assez éloquent.
La CEDEAO devrait être plus intransigeante face aux violations constitutionnelles et aux persécutions d’opposants par les gouvernements en place. Les mesures prises aux niveaux régional et continental pour y faire face varient considérablement.
Renforcer la coordination entre la CEDEAO, l’Union africaine et les partenaires internationaux pour une réponse plus efficace et cohérente. Soutenir le développement d’institutions fortes et indépendantes pour garantir des contre-pouvoirs efficaces. Accélérer la création du comité des sanctions du Conseil de paix et de sécurité pour démontrer une volonté politique concrète de lutter contre les coups d’État, devrait proposer un réexamen complet des cadres existants pour contrer les coups d’État en Afrique.
En repensant ainsi la gestion des coups d’État, la CEDEAO et ses partenaires pourraient mieux prévenir et répondre à ces crises, tout en promouvant une stabilité durable dans la région.
Ressources
- [1] Pourquoi y a-t-il tant de coups d’État en Afrique de l’Ouest ?
- [2] Le diagnostic sur les systèmes de gouvernance politique et administrative qui ont failli
- [3] L’évolution des coups d’État en Afrique
La rédaction afrique54