Burkina Faso : Enlèvements des proches de Djibrill Bassolé

Au Burkina Faso, une série d’enlèvements ciblant la famille de l’ancien ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé a récemment eu lieu, suscitant l’indignation.

Le 11 septembre, Aziz Bassolé, le fils aîné de l’ancien ministre, a été enlevé à son domicile par des individus non identifiés. Deux jours plus tard, le 13 septembre, Omar Zalla, l’ancien aide de camp de Djibrill Bassolé, a également été emmené vers une destination inconnue alors qu’il assistait à des obsèques au cimetière municipal de Gounghin.

Les domiciles des enfants de Djibrill Bassolé ont été fouillés, et des téléphones, ordinateurs et documents de voyage ont été saisis. De plus, le 15 septembre, des hommes armés attendaient à la clinique où se trouvait la fille de l’ancien ministre.

Réaction de Djibrill Bassolé

Actuellement en exil, Djibrill Bassolé a vivement dénoncé ces actes, les qualifiant de persécution visant à l’atteindre personnellement. Il a déclaré : « Si mes enfants sont aujourd’hui persécutés, c’est pour moi, c’est pour m’atteindre, c’est pour me déstabiliser, c’est pour me faire mal ». L’ancien ministre a souligné que ses enfants n’ont jamais été impliqués dans la politique et que ces actions sont une conséquence de ses propres prises de position sur la situation sécuritaire du pays et de la sous-région.

Bassolé a également replacé ces événements dans un contexte plus large, affirmant que ses enfants « ne font que rejoindre la longue liste des centaines de Burkinabè qui sont victimes d’exactions, de répressions et qui vivent un enfer, aujourd’hui ».

Depuis fin 2023, il y a eu une augmentation inquiétante des enlèvements ciblant des activistes, des journalistes et des opposants politiques au Burkina Faso. Ces enlèvements sont généralement effectués par des hommes en civil se présentant comme des agents de l’État. Parmi les personnes enlevées récemment, on peut citer :

  • Bassirou Badjo et Rasmane Zinaba, deux figures du mouvement « Balai citoyen »
  • L’avocat Guy Hervé Kam, co-fondateur du « Balai citoyen »
  • Plusieurs journalistes comme Kalifara Séré, Serge Oulon et Adama Bayala

Human Rights Watch accuse la junte militaire au pouvoir d’utiliser ces enlèvements comme méthode de répression contre la dissidence pacifique. Les personnes enlevées sont souvent emmenées vers des destinations inconnues, sans procédure judiciaire. Il y a également des cas d’enrôlements forcés d’opposants dans l’armée ou les groupes de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Ces actions créent un climat de peur parmi les activistes et les journalistes, qui hésitent désormais à s’exprimer ouvertement. Les autorités justifient parfois ces mesures par la lutte contre le terrorisme, mais elles sont largement perçues comme une répression de la liberté d’expression.

Des organisations de défense des droits humains appellent à la libération immédiate des personnes enlevées et à la fin de ces pratiques. Cette situation marque une détérioration significative de l’espace civique et des libertés au Burkina Faso depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en 2022, qui a connu deux coups d’État ces dernières années.

La rédaction afrique54