Barreau de Guinée

Guinée Conakry : La justice guinéenne traverse une crise majeure depuis fin juin 2025

Marquée par la paralysie des Cours et Tribunaux à la suite d’un mouvement de grève des avocats, cette crise a été déclenchée par l’enlèvement et les actes de torture infligés à Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, dans la nuit du 21 au 22 juin 2025.

Les avocats dénoncent une insécurité grandissante et une atteinte grave à leur profession.  Les avocats ont suspendu toutes leurs activités, boycotté les audiences et cessé toute collaboration avec les officiers de police judiciaire. Ils ont également retiré leurs représentants des organes de la transition et déposé plainte au nom de Me Traoré, se constituant partie civile.

Ils revendiquent la sécurité des avocats, des garanties pour l’exercice indépendant de la profession, et le respect des droits fondamentaux dans le fonctionnement de la justice.

Après plusieurs semaines de paralysie, le Premier ministre Amadou Oury Bah a rencontré, le 8 juillet 2025, une délégation du Barreau pour initier un dialogue et tenter d’apaiser la situation. Le chef du gouvernement a exprimé son engagement à garantir la sécurité des avocats et à rétablir un dialogue de confiance pour l’intérêt supérieur de la justice et de la nation.

Malgré cette ouverture, le Barreau a reconduit la suspension de ses activités pour deux semaines supplémentaires, estimant que les conditions d’une reprise normale ne sont pas encore réunies.  Les audiences restent suspendues au moins jusqu’au 21 juillet 2025, aggravant l’engorgement des dossiers et l’accès à la justice pour les citoyens.

 Un compromis reste possible, mais dépendra de garanties concrètes du gouvernement en matière de sécurité et d’indépendance de la justice.

Cette crise intervient dans un climat politique tendu : la junte militaire au pouvoir est accusée de répression contre l’opposition, de restriction des libertés publiques et de report du retour à l’ordre constitutionnel. Les avocats, en paralysant la justice, entendent non seulement défendre leur profession mais aussi alerter sur les dérives sécuritaires et institutionnelles dans le pays.

Cette mobilisation sans précédent du Barreau, sera t-elle le début du renouveau de la justice guinéenne ? La justice guinéenne souffre déjà d’un déficit de légitimité et d’indépendance, souvent perçue comme corrompue ou inféodée au pouvoir politique. La paralysie renforce l’idée que l’État ne garantit plus la protection des droits, ce qui peut alimenter la défiance, la frustration et, à terme, l’instabilité politique.

La rédaction afrique54.com