Le documentaire de Mati Diop
Ce documentaire s’inscrit dans la continuité du travail de Mati Diop, qui mêle souvent réalité et fiction dans ses œuvres, comme elle l’avait fait dans son précédent film « Atlantique ». La Franco-Sénégalaise Mati Diop donne une voix aux statues dérobées, leur prêtant des pensées et des émotions. C’est un procédé fictif qui permet d’explorer le point de vue imaginaire des objets restitués.
Le film retrace l’odyssée de la restitution au Bénin de 26 de ses trésors royaux par la France. Le film a remporté l’Ours d’or à la Berlinale 2024, la plus haute récompense du festival de cinéma de Berlin. « Dahomey » est un film hybride, mêlant fiction fantastique et documentaire.
Il suit le voyage de retour des statues depuis les sous-sols du Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris jusqu’au palais présidentiel de Cotonou au Bénin.
Mati Diop donne une voix aux statues dérobées et interroge également des étudiants béninois de l’université d’Abomey sur cette restitution.
« Dahomey » fait référence à l’ancien royaume du même nom, qui correspond aujourd’hui en partie au territoire du Bénin.
Le film est un mélange de documentaire et « conte fantastique », suggérant l’inclusion d’éléments surnaturels ou imaginaires. Bien que basé sur des événements réels, le film invente certaines interactions entre les personnages, notamment les étudiants béninois, pour servir le propos. La réalisatrice utilise une approche poétique et artistique qui s’éloigne d’un strict documentaire, introduisant des éléments fictionnels dans la narration. Certaines scènes sont mises en scène ou reconstituées pour les besoins du film, plutôt que simplement documentées.
Mati Diop décrit elle-même son film comme n’ayant « finalement pas du tout renoncé à la fiction », tout en restant ancré dans des événements historiques réels. Cette approche hybride permet d’explorer les thèmes de la restitution et de l’héritage colonial de manière à la fois factuelle et imaginative.
Dans le film « Dahomey » de Mati Diop, les masques jouent un rôle important, ils servent à représenter symboliquement les statues et objets restitués. Ils leur donnent une présence visuelle et émotionnelle dans le film.
À travers eux, elle imagine et exprime les pensées et sentiments que pourraient avoir ces artefacts s’ils pouvaient parler. Les masques créent un pont visuel et conceptuel entre le passé colonial et le présent, incarnant la mémoire et l’histoire des objets.
Les masques rappellent l’importance de ces objets dans la culture et l’identité du Dahomey (actuel Bénin).
L’utilisation des masques par Mati Diop semble donc être un choix artistique central, permettant d’aborder de manière originale et poétique les questions complexes liées à la restitution des œuvres d’art africaines.
La rédaction afrique54