Mali limogeage de Choguel Maiga

Mali : Le général Abdoulaye Maïga nommé Premier ministre de transition

Le général de division Abdoulaye Maïga a été officiellement nommé Premier ministre de transition du Mali par décret présidentiel le 21 novembre 2024, remplaçant Choguel Kokalla Maïga, qui a été limogé la veille. Cette décision a été annoncée lors d’une diffusion en direct sur la télévision nationale, l’ORTM, par le ministre secrétaire général de la présidence, Alfousseyni Diawara1.

Contexte de la nomination

La nomination de Maïga intervient dans un contexte de tensions politiques au sein du gouvernement de transition. Choguel Maïga avait récemment exprimé son mécontentement face à sa marginalisation dans les décisions gouvernementales, notamment concernant la prolongation de la période de transition politique, initialement prévue pour se terminer en mars 2024. Son limogeage fait suite à des critiques publiques adressées aux autorités militaires au pouvoir3.

Profil du général Abdoulaye Maïga

Avant sa nomination, le général Maïga occupait le poste de ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et était également porte-parole du gouvernement. Il avait déjà assuré l’intérim de Choguel Maïga en août 2022 pendant une période d’hospitalisation36. Bien qu’il ne fasse pas partie des officiers ayant participé au coup d’État d’août 2020, il est considéré comme proche du président de la transition, le général Assimi Goïta6.

Réactions et implications

Le limogeage de Choguel Maïga a été qualifié par ce dernier de « complot politique », affirmant que certaines institutions cherchaient à l’affaiblir. Malgré son départ, il a promis de continuer à servir le Mali12. La nomination d’un militaire à la tête du gouvernement souligne la consolidation du pouvoir militaire dans le pays, avec deux généraux désormais aux commandes4.

Cette situation pourrait avoir des répercussions sur la dynamique politique au Mali, notamment en ce qui concerne les relations avec les partenaires internationaux et les attentes concernant le retour à un ordre constitutionnel stable.

Réactions des Partis Politiques et Groupes de Soutien

  1. Soutiens de la Junte :
    • Des organisations proches des militaires, comme le Collectif pour la défense des militaires, ont exprimé leur satisfaction face à la destitution de Choguel Maïga, le qualifiant de « logique de déstabilisation » et l’accusant même de « haute trahison » après ses critiques publiques envers la junte23. Ces groupes avaient déjà appelé à sa démission, soulignant un soutien fort à la junte et une volonté d’éliminer toute opposition au sein du gouvernement5.
  2. Opposition Politique :
    • Certains partis d’opposition ont vu dans ce limogeage une opportunité pour critiquer le régime militaire en place, affirmant que cela démontre l’instabilité et l’incapacité du gouvernement à gérer les affaires du pays. Ils ont également souligné que ce changement pourrait exacerber les tensions politiques et mener à une crise plus profonde45.
  3. Mouvement M5-RFP :
    • Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), dont Choguel Maïga était un ancien leader, a été divisé. Certains membres ont exprimé leur mécontentement face à son limogeage, considérant qu’il avait été un défenseur des idéaux de la transition. D’autres, cependant, ont critiqué sa gestion et son éloignement des préoccupations populaires2.

Analyse des Observateurs

  • Les analystes politiques estiment que le limogeage de Choguel Maïga illustre les luttes de pouvoir au sein du gouvernement de transition. Son départ a été perçu comme une manœuvre des militaires pour renforcer leur contrôle sur le processus politique et réduire l’influence civile dans la prise de décision34.
  • La décision a également été interprétée comme un signe de l’incapacité croissante du gouvernement à répondre aux attentes tant nationales qu’internationales concernant un retour rapide à un régime démocratique5.

En somme, le limogeage de Choguel Maïga a été perçu comme un tournant dans la dynamique politique malienne, accentuant les divisions entre les partisans du régime militaire et ceux qui aspirent à un retour à la démocratie. Les répercussions de cette décision pourraient influencer significativement l’avenir politique du Mali dans un contexte déjà marqué par l’instabilité et les défis sécuritaires.

La rédaction afrique54.com