Gl Oumar Diarra

MALI : Vague d’arrestations inquiétante

Les arrestations au Mali se sont intensifiées et étendues géographiquement, suscitant de vives inquiétudes, une semaine après les attaques jihadistes à Bamako.

Les arrestations sont décrites comme « extrêmement nombreuses » et touchent plusieurs zones, Bamako, la capitale, Kati, une ville-garnison adjacente à Bamako et fief des militaires au pouvoir et la région de Ségou, située au centre du pays. Cette vague d’interpellations semble s’inscrire dans le cadre d’une opération de grande envergure menée par les autorités maliennes.

Ces arrestations massives interviennent dans un contexte sécuritaire déjà fragile, la région de Ségou est particulièrement touchée par des affrontements entre groupes armés djihadistes et forces de sécurité depuis fin 2020. Des attaques djihadistes ont récemment visé l’aéroport de Bamako et l’école de gendarmerie, faisant  selon de nombreuses sources sécuritaires et civiles maliennes, plus de 70 morts et 200 blessés, provoquant une réponse sécuritaire musclée.

Inquiétudes sur les procédures

Plusieurs éléments soulèvent des préoccupations quant au respect des droits et des procédures légales. De nombreuses arrestations seraient basées sur de simples dénonciations populaires, et certaines communautés, notamment peule, touareg et arabe, semblent particulièrement ciblées.

La durée de garde à vue peut atteindre 45 jours pour les affaires de terrorisme. Face à cette situation, on observe, des appels à la retenue et à la cohésion lancés par diverses personnalités et organisations. Des craintes exprimées par des citoyens quant à de possibles dérives ou représailles communautaires.

De nombreuses personnalités, organisations et leaders communautaires, partis politiques ou même des artistes ont lancé ces derniers jours des appels à la retenue, à la cohésion et au vivre-ensemble. 

Ces arrestations massives et leur étendue géographique témoignent d’un durcissement du régime militaire et soulèvent des inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales et à la stabilité du pays. Le général Diarra a exhorté les citoyens à s’impliquer dans les opérations de sécurité en cours.

La demande du général Diarra de collaboration pourrait encourager des dénonciations infondées, mettant en danger des innocents. Certaines communautés, déjà considérées comme suspectes, pourraient être davantage visées par ces signalements, et cette approche risque d’exacerber les tensions sociales et d’instaurer un climat de suspicion généralisée.

Rappelons que le 22 septembre 2024, le Mali a célébré le 64e anniversaire de son indépendance, une date marquée par des réflexions sur la souveraineté et la sécurité du pays. Cette célébration a lieu dans un contexte où l’engouement pour cet événement a diminué au fil des ans, en partie à cause de l’insécurité persistante dans certaines régions.

Le Mali a obtenu son indépendance pour la première fois le 20 juin 1960, en tant que membre de la Fédération du Mali, avant de devenir complètement indépendant le 22 septembre de la même année. Cette date est symbolique, représentant la fin de la domination coloniale française.

Cette année, les célébrations ont inclus un défilé patriotique et des discours officiels. Le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, a souligné l’importance de cette journée pour rappeler les sacrifices faits pour la souveraineté nationale et a rendu hommage aux figures historiques comme Modibo Kéïta.

La rédaction afrique54
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