Vigilance avant les élections en Algérie-Tunisie
Les prochaines élections présidentielles en Algérie et en Tunisie sont des événements importants dans les deux pays, chacun ayant son propre contexte et ses propres implications.
Algérie
- Date de l’élection présidentielle : prévue pour le 7 septembre 2024.
Cette présidentielle représente un tournant avec la fin probable de la génération de la Guerre de libération aux commandes du pays.[1] Trois principaux candidats sont en lice : le président sortant Abdelmadjid Tebboune le candidat sortant, l’islamiste Abdelali Hassani Chérif président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) , et le socialiste Youcef Aouchiche chef du Front des forces socialistes (FFS).[2]
L’apathie et la désillusion des électeurs dominent le paysage politique algérien, alors que les prochaines élections ne suscitent aucun sentiment d’anticipation au sein de la population. Le retrait des opposants politiques souligne en outre un sentiment généralisé de désengagement et de scepticisme à l’égard du processus électoral. Dans ce contexte d’indifférence, il devient impératif d’examiner les facteurs sous-jacents qui expliquent le manque d’attentes des Algériens à l’égard des élections et les implications plus larges de cette tendance sur le tissu démocratique du pays.
Dans le contexte d’un héritage historique complexe et de défis persistants, les citoyens algériens sont confrontés à l’instabilité économique, à la perception de la corruption et au désenchantement politique qui façonnent leur attitude à l’égard du processus électoral.
Le scrutin prévu pour le 7 septembre 2024, comporte plusieurs risques importants car le scrutin est largement perçu comme « joué d’avance » en faveur du président sortant Abdelmadjid Tebboune. Les programmes et les politiques des candidats ne joueront aucun rôle crucial dans le façonnement de l’avenir de l’Algérie selon plusieurs observateurs.
Cette perception pourrait entraîner une faible participation électorale, remettant en question la légitimité du processus. Les commissions électorales doivent travailler avec diligence pour prévenir la fraude et garantir des conditions équitables pour tous les candidats.
Abdelmadjid Tebboune entend bien tenir les rênes du pouvoir algérien un mandat de plus. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Tebboune en Algérie, les inquiétudes se sont accrues face à une escalade notable des attaques contre la liberté d’expression et à un resserrement de l’étau sur les libertés publiques dans le pays. Le paysage politique sous sa direction semble s’orienter vers des restrictions accrues des voix dissidentes et des libertés civiles.
Élu en décembre 2019 à la suite de nombreuses manifestations contre le régime précédent, le président Tebboune est arrivé au pouvoir en promettant des réformes politiques et une revitalisation économique. Cependant, des inquiétudes sont apparues quant à l’approche de son administration en matière de gestion de la dissidence et de la critique.
Des journalistes, des militants et des citoyens ordinaires ont fait l’objet d’intimidations, de harcèlements et de répercussions juridiques pour s’être exprimés contre les politiques gouvernementales ou pour avoir plaidé en faveur d’un changement social.
Tunisie
- Date de l’élection présidentielle : fixée au 6 octobre 2024.
La prochaine élection présidentielle en Tunisie, prévue pour le 6 octobre 2024, revêt une importance significative pour le paysage politique et la trajectoire future du pays. Alors que la Tunisie, connue comme le berceau du printemps arabe, navigue dans sa transition démocratique, l’élection est un moment charnière pour façonner la gouvernance et tracer la voie à suivre.
L’autorité électorale en Tunisie a décidé de ne retenir que trois candidats à la présidentielle du 6 octobre, parmi lesquels le président sortant Kaïs Saïed, et d’exclure trois autres postulants qui ont été réadmis par le Tribunal administratif la semaine dernière. Plusieurs figures de l’opposition sont incarcérées, comme Issaam Chebbi et Abir Moussi.
Président sortant : Le président actuel, Kaïs Saïed, est largement attendu pour se représenter. Depuis son accession au pouvoir, il a renforcé son emprise en modifiant la Constitution suite au référendum du 25 juillet 202 pour instaurer un régime présidentiel, ce qui lui confère de larges pouvoirs, avec deux chambres, le Parlement et le Conseil national des régions et des districts.
Le cheminement de la Tunisie vers la démocratie a été mouvementé, marqué par des périodes de régime autoritaire et des moments de promesses démocratiques. Le scrutin présidentiel tunisien du 6 octobre 2024 se déroule dans un contexte de répression de l’opposition et de restrictions des libertés. Ce qui se joue c’est l’avenir du régime mis en place par Kaïs Saïed. L’élection pourrait consolider ou remettre en question le système hyper-présidentiel instauré par Saïed depuis 2021.
Le prochain président devra faire face aux défis économiques persistants, avec une croissance faible et des entreprises publiques déficitaires. La question de l’indépendance économique du pays, mise en avant par Saïed, reste un enjeu important.
Cette élection présidentielle s’inscrit dans un contexte de transition politique complexe, où les acquis démocratiques de la révolution de 2011 sont remis en question par les évolutions récentes du régime tunisien.
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